UBS a dévoilé mardi dans un communiqué les premiers éléments de sa complexe fusion avec Credit Suisse, décidée sous la pression des autorités suisses pour éviter qu’elle ne sombre. Le 19 mars, UBS a accepté de la racheter pour 3 milliards de francs suisses (une somme équivalente en euros) moyennant de solides garanties de la Confédération helvétique.

Les informations, concernant un rapprochement orchestré dans l’urgence et qui doit intervenir dans les « prochaines semaines », arrivent au compte-goutte mais en annonçant la composition de la nouvelle équipe de direction, UBS souligne qui aura le pouvoir dans la future mégabanque.

La composition de la direction est « sans grande surprise », a réagi Andreas Venditti, analyste chez Vontobel, dans un commentaire de marché. Elle « reflète clairement le fait qu’UBS reprend Credit Suisse », ajoute-t-il, notant qu’il n’y aura pas d’anciens dirigeants de Credit Suisse « à part Ulrich Körner dans le nouveau comité de direction ».

« Avec sa connaissance des deux organisations », Ulrich Körner « aura la responsabilité d’assurer la continuité des opérations et l’attention aux clients tout en soutenant le processus d’intégration », précise UBS dans son communiqué. Une feuille de route étroite et bien tracée.

Connu pour son expertise dans les restructurations, Ulrich Körner, 60 ans, a travaillé tour à tour chez Credit Suisse et UBS au fil de sa carrière.

Ce ressortissant germano-suisse, docteur en économie a occupé plusieurs fonctions chez Credit Suisse entre 1998 et 2009, dont celui de directeur des activités en Suisse, avant de rejoindre UBS en 2009, où il a notamment dirigé la gestion d’actifs. Il était alors déjà membre du comité de direction.

En 2021, il a été rappelé chez Credit Suisse, d’abord pour redresser la gestion d’actifs après la faillite de la société financière britannique Greensill, avant de se voir confier la direction de l’ensemble du groupe en août 2022 pour tenter de sauver la banque.

Finalisation « dans les prochaines semaines »

Tous les autres postes clés vont être confiés à des cadres issus des rangs d’UBS.

Iqbal Khan va continuer à diriger la gestion internationale de fortune tandis que la banque d’investissement restera aux mains de Robert Karofsky. Sabine Keller-Busse conserve sa fonction à la tête des activités suisses d’UBS.

Michelle Bereaux, en poste depuis 23 ans chez UBS, se voit quant à elle confier le poste de responsable de l’intégration.

Sarah Youngwood, directrice financière quittera en revanche son poste au moment de la fusion. Elle sera remplacée par Todd Tuckner, actuel responsable de la gestion des performances et risques pour la gestion internationale de fortune. Cadre chez UBS depuis 2004, il reprendra la direction des finances à la clôture de l’opération mais rejoint d’ores et déjà le comité de direction « avec effet immédiat », précise le communiqué.

Après avoir grimpé dans les premiers échanges, l’action UBS cédait 0,31% à 17,42 francs suisses à 10H33 GMT, pesant sur le SMI, l’indice de référence de la Bourse suisse, en baisse de 0,81%.

Les activités des deux banques vont être regroupées en cinq divisions, réparties entre quatre zones géographiques, auxquelles s’ajouteront l’entité Credit Suisse AG, l’entité légale qui regroupe les activités de Credit Suisse, afin que les deux banques puissent dans un premier temps continuer à fonctionner séparément.

La banque s’attend à ce que « la clôture légale » de la fusion intervienne « dans les prochaines semaines » mais précise que les deux banques vont d’abord continuer à fonctionner indépendamment. Elles conserveront initialement leurs propres filiales et agences.

« L’intégration des activités et entités légales va prendre du temps », reconnaît Sergio Ermotti, le directeur général d’UBS, cité dans le communiqué.

La banque visait initialement une clôture de l’opération fin juin, mais lors d’un salon financier à Zurich la semaine passée, M. Ermotti a laissé entendre que la fusion pourrait intervenir plus tôt, aux alentours de fin mai ou début juin.

UBS n’a en revanche pas donné de nouvelles indications sur les activités locales de Credit Suisse pour le pays alpin, réaffirmant que toutes les options allaient être étudiées.



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