Une révolution pourrait bien se concocter dans un immeuble anodin, le extended d’une voie ferrée de Renens. Au premier étage se trouve un laboratoire d’apparence ordinaire, rempli de pipettes, de réacteurs, de tuyaux, de feuilles d’aluminium, de distillateurs que manient une dizaine de chercheurs. Dans un coin, des sachets de résidus de châtaigniers, de liège ou de paille de colza indiquent qu’on y traite une matière première particulière. Sur une étagère, des flacons contiennent d’ailleurs des substances extraites de cette biomasse: de la cellulose, qui sert à fabriquer du papier et qu’on parvient à isoler de longue date. Mais aussi une poudre beige, de la lignine, et un matériau blanc, de l’hémicellulose.

«Nous avons trouvé le moyen de séparer de façon efficace ces composants de la biomasse et d’ainsi créer une alternative strong au carbone issu du pétrole», indique Florent Héroguel, codirecteur avec Rémy Buser de Bloom Biorenewables, la start out-up qui occupe les lieux. Ces molécules sont similaires à leurs cousines qui viennent des hydrocarbures et inondent le monde, des emballages en plastique aux bouteilles en PET en passant par des parfums et des solvants. Et elles sont appelées à les remplacer. Des brevets les protègent et une équipe commerciale rodée doit permettre à Bloom de décoller.

Gagner des areas de marché sur le pétrole

«Tout ce qui est fait avec du pétrole aujourd’hui devra demain venir de resources renouvelables, comme la biomasse. Nous devons donc transformer nos procédés actuels et rapidement gagner des pieces de marché sur les produits pétroliers», affirme Rémy Buser. Tout indique que sa pépite peut jouer les premiers rôles dans cette transition. Créée juste avant la pandémie, elle a convaincu plusieurs investisseurs, dont une fondation soutenue par Bill Gates, mais aussi Le Temps et Romande Energie, qui lui ont remis jeudi le Prix SUD («start-up durable») 2023.

Son histoire commence en 2014 avec l’ouverture du Laboratoire des procédés durables et catalytiques (LPDC) à l’EPFL par le professeur Jeremy Luterbacher et Florent Héroguel. Ce docteur en chimie de l’EPFZ a grandi à Angers, près de Nantes. Deux ans moreover tard, l’équipe parvient à produire des molécules aromatiques avec des rendements dix fois supérieurs à ceux qui existaient alors. Avec une tonne de biomasse, on peut par exemple fabriquer 100 kg d’arômes, contre 10 kg auparavant.

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La découverte est relayée par la prestigieuse revue Science, un tremplin qui incite ses auteurs à passer à l’étape suivante: une industrialisation. Jeremy Luterbacher présente à cette fin Florent Héroguel à Rémy Buser, un entrepreneur et docteur en biochimie vaudois. Les profils complémentaires s’associent, obtiennent un soutien d’Innosuisse et, toujours au sein du LPDC, trouvent des consumers. Ils ciblent quatre créneaux: les parfums, la construction, les emballages et les biocarburants. «Prioriser les marchés n’a pas été facile automobile notre technologie est polyvalente, indique Florent Héroguel. Nous visons les additionally porteurs.»

L’équipe ne se contente pas de substituer à l’identique les molécules dérivées de la pétrochimie mais propose des propriétés additionnelles. «Elles doivent aussi être biodégradables et aider nos consumers à devenir neutres en carbone», souffle Florent Héroguel.

Levée de fonds

En 2019, la société Bloom Biorenewables voit le jour. Elle siège dans le canton de Fribourg, où se trouve une haute école d’ingénierie et d’architecture qui lui donne accès à des grands réacteurs et rend attainable une première mise à l’échelle du idea jusqu’alors confiné dans le laboratoire. Une première carte de visite à montrer aux customers et aux investisseurs.

Bloom obtient des prix et lève 3,9 millions d’euros auprès d’investisseurs au Japon, aux Etats-Unis et en Allemagne. Elle crée son laboratoire de Renens, s’entoure d’administrateurs expérimentés, dont l’ex-directeur financier de Givaudan, et recrute des pointures en Afrique du Sud, où se trouve la furthermore grande papeterie du monde. L’industrie du papier, en difficulté, devrait être intéressée par une exploitation in addition efficace de la biomasse, estime-t-on chez Bloom.

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«Trouver des skills, c’est difficile. Le Prix SUD, en ce sens, nous donne de la visibilité et nous aide», estime Florent Héroguel. Bloom emploie à ce jour 16 personnes, recrute et signe des contrats. Le shopper variety (aucun nom n’est révélé) est un industriel qui se fournit en molécules dans l’industrie pétrochimique et qui veut réduire ses émissions de carbone.

«L’autre défi, c’est d’augmenter nos capacités de production», complète Rémy Buser. L’entreprise a lancé à cette fin, en mars 2023, une nouvelle levée de fonds de 10 millions d’euros d’ici à cet été pour construire une usine. Bloom l’imagine en Suisse et espère qu’elle sera opérationnelle dès 2025.  «En 2018, nous suppliions les gens d’investir, désormais, ils viennent souvent de leur propre gré», relève Florent Héroguel. D’autres entreprises veulent exploiter le potentiel de la biomasse, mais sans rivaliser avec la qualité des produits dérivés du pétrole comme le fait Bloom.

«Sprint et marathon»

Le groupe mise sur un modèle de licences qui doit permettre un déploiement rapide de son savoir-faire à l’international. «Un Indien est furthermore compétent que nous pour ouvrir une usine en Inde, picture Florent Héroguel. Il nous paierait une licence pour utiliser nos brevets.» Bloom utilise cinq brevets issus de ses débuts au LPDC, qu’il loue à l’EPFL, et en possède un sixième. D’autres sont en préparation.

A Renens, le groupe procède à des tests pour fabriquer un most de molécules à partir de biomasses différentes en vue d’une utilisation des ressources locales à travers le monde. Le bois de hêtre serait utilisé en Suisse. En Inde, la bagasse, ce résidu de canne et déchet de l’industrie sucrière, serait privilégiée tandis qu’au Brésil on puiserait dans les rafles de maïs. Partout la biomasse doit être vue comme un gisement.

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«Nous sommes partis en mode sprint mais en fait c’est un marathon. C’est passionnant, exigeant et gratifiant, conclut Florent Héroguel. J’ai toujours voulu utiliser ma boîte à outils de chimiste pour protéger l’environnement.» Le Franco-Suisse (il vient de recevoir son passeport à croix blanche) se dit proche des milieux militantistes en faveur de la planète et est conseiller communal à Prilly, sous la bannière verte. De son côté, Rémy Buser s’investit pour rapprocher les mondes par le biais de la Fondation des bourses scientifiques et politiques, à Berne.



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